Voulons-nous une magnifique étiquette sur une bouteille vide? par Maurice Wagner
Les opposants à l’UE agissent comme s’ils considéraient que l’étiquette des bouteilles était plus importante que leur contenu.
Les propos de Marcel Dettling, le nouveau président de l’UDC, tels que rapportés dans le journal Le Temps du 25 mars 2024 démontrent qu’il suit la ligne de Christoph Blocher en matière européenne. La stratégie de l’UDC concernant l’UE revient à apeurer les citoyens et à sciemment créer de la confusion entre l’adhésion et les accords bilatéraux. Christoph Blocher n’évoquait-il pas, dans une interview parue dans le journal Le Temps du 31 octobre 2023 un «contrat-cadre pour entrer dans l’UE», alors même que les accords bilatéraux visent précisément à éviter de devoir adhérer à l’UE?
Demander comme l’UDC une double majorité du peuple et des cantons pour le prochain traité entre la Suisse et l’UE revient à faire croire que la Suisse va adhérer à l’UE: n’est-ce pas une tromperie?
Marcel Dettling sous-entend que le système démocratique suisse est supérieur aux autres systèmes démocratiques, puisque c’est le peuple qui décide:
- Il est exact qu’en Suisse, le peuple a souvent le dernier mot; mais pas toujours! Ainsi, dans les cas où la double majorité est requise, le peuple peut devoir s’incliner devant la majorité des cantons (on a pu le constater en novembre 2020 lors de la votation sur l’initiative sur la responsabilité des entreprises).
- Il est temps que tous les Suisses réalisent qu’il existe plusieurs types de démocraties. Ainsi, les pays de l’UE, aussi bien les monarchies constitutionnelles que les républiques, sont des démocraties. En toute hypothèse, à la différence d’une Suisse avec ses liens actuels ténus avec l’UE, ces pays ne se contentent pas d’entériner des décisions prises sans qu’ils aient eu leur mot à dire, ou d’ «acheter» leur participation aux programmes de l’UE.
Pour prendre une image viticole, les opposants à l’UE agissent comme s’ils considéraient que l’étiquette des bouteilles était plus importante que leur contenu. À quoi cela sert-il de faire figurer le mot «souverain» sur l’étiquette d’une bouteille qui se vide? Il est temps que le Conseil fédéral se fasse entendre sur la question et ne laisse pas le monopole de la parole aux adversaires de tout nouvel accord avec l’UE.
Lascia un Commento
Vuoi partecipare alla discussione?Sentitevi liberi di contribuire!