Alors que la guerre sévissait encore, les puissances alliées réfléchirent à ce que devrait être idéalement un ordre multilatéral adapté aux besoins de la nouvelle constellation mondiale. Comme leur entente était alors cordiale, elles envisagèrent de créer un « Ordre Européen-Mondial Démocratique» – comprenant les Etats-Unis et le Canada – et de le faire gérer conjointement par les Etats-Unis et l’URSS, devenus les deux nouvelles grandes puissances mondiales. Mais la bonne entente se détériora à la Conférence de Potsdam (juillet/août 1945) quand Staline fit valoir – contrairement aux engagements qu’il avait pris à Yalta – qu’il voulait créer, dans les pays d’Europe centrale conquis par l’Armée rouge, une zone soumise à son emprise exclusive, seul moyen, selon lui, d’assurer la sécurité de l’URSS. Les Etats-Unis abandonnèrent alors l’idée de vouloir créer un« Ordre Européen Mondial Démocratique » pour lequel ils avaient d’ailleurs déjà commencé de nourrir des doutes. En remplacement, ils privilégièrent des Plans de sauvetage de l’Europe arrimés à une zone atlantique. Tel est le contexte dans lequel se place leur initiative de convoquer à Bretton Woods une conférence dédiée à la création d’un nouvel ordre international (1944). Une quarantaine de pays y participèrent et créèrentles deux organisations de Bretton Woods – le FMI et la BIRD – dont les statuts furent adoptés en 1946.